jeudi 21 août 2014

La Confession

"En duo", ces petites histoires racontées à quatre mains, pour que l'imagination de l'un ajouté à l'autre forme un seul et même récit encore plus riche et plus surprenant !

Un récit de : Damien et La Poupée Malade

---------------


Il observait d'un œil fatigué la photographie encadrée reposant sur la cheminée, incapable d'en décrocher son regard. Un long soupir s'échappa d'entre ses lèvres, expulsant dans le même temps la fumée tirée un instant plus tôt de sa cigarette bientôt entièrement consumée. Il en aspira une ultime bouffée avant de jeter le mégot fumant au milieu des cendres humides, qui dégageaient une odeur repoussante. L'homme en frémit de dégoût. Mais il n'avait pas l'envie de s'en occuper pour le moment. S'attarder sur de ce genre de futilité était sans intérêt dans son état.
Grattant sa barbe grisonnante, il se leva avec peine pour saisir cette image figée d'un temps lointain où il fut heureux. On y distinguait malgré la poussière, une enfant, tenu par la main d'un côté par une femme svelte mais vigoureuse et de l'autre un homme dans la force de l'âge, calme et au regard affectueux. Les trois souriaient de bonheur.
Pris de colère, il fut tenté une fois de plus de la jeter dans la cheminée pour y mettre le feu, ne plus jamais revoir cet instant de sa propre vie, dont il se souvenait à peine avoir vécu. Comme les autres fois, il ne put s'y résoudre. Il reposa brutalement le cadre sur le montant et s'en détourna pour aller saisir une veste crasseuse qu'il endossa.
Dehors, le vent tapait à la vitre. Il ne pleuvait pas encore, mais le ciel gris laissait planer la menace d'une averse imminente. Pas un seul rayon de Soleil ne filtrait à travers les épais nuages. "Tant mieux", se dit-il. Cela faisait bien longtemps qu'il avait cessé d'aimer cette lumière vive des jours d'été.

Sur le pas de la porte, il resserra sa veste contre lui et se mit à marcher. Plus les jours passaient, plus il lui semblait que le temps devenait froid et le vent agressif, en parfaite harmonie avec ses émotions. Accélérant le pas, il arriva sur le parvis d'une église. Celle qu'il fréquentait depuis si longtemps qu'il avait cessé de compter les mois. Comme à son habitude, il poussa la porte et entra. Après un bref salut de croix, il se dirigea immédiatement où il se rendait tous les jours : le confessionnal.
S'installant, il prononça les premiers mots :
- Pardonnez-moi mon père, car j'ai pêché.
Mais au lieu de la réponse cérémonieuse habituelle du prêtre, prêt à l'écouter, l'homme de foi pris la parole en ces termes :
- Mon cher Clément, le Père ne peut vous pardonner une fois de plus...
Un malaise grandit immédiatement dans le cœur de l'homme venu chercher réconfort dans la maison de Dieu. Le prêtre repris :
- Il vous a déjà pardonné, mon enfant. Tous les jours vous venez vous faire pardonner de la même erreur. Mais cela fait bien longtemps que le Seigneur vous a accordé son pardon.
Un long silence s'établi avant que l'homme de foi ne continue :
- Vous devez vivre à présent. Chercher un nouveau bonheur, votre bonheur, celui des autres aussi, retourner parmi la société pour y transmettre l'amour que Dieu vous a donné. Vous ne pouvez pas continuer de vous morfondre ainsi. Ce n'est pas la voie que le Seigneur vous a choisi. Maintenant allez, ne revenez pas dans ce confessionnal tant que vos paroles n'auront pas changé.
De nouveau, le silence tomba, mais cette fois-ci, personne ne le rompit. La mâchoire crispée, Clément se leva et sorti de l'église, agacé. Sur le parvis, il leva la tête vers le ciel, les bras ballant. Son esprit était si tourmentée que le froid mordant ne l'atteignait même plus.
"Qu'attends-tu de moi ?" questionna-t-il. "Qu'attends-tu donc encore...".


La morsure de la désillusion et du dégoût lui semblait de loin dépasser celle du vent ; il ne savait pas s'il devait sortir de l'église en trombe, pour montrer au prêtre qu'il était en colère. Alors une fois de plus il se résigna et partit sagement, en n'oubliant pas de se signer. Une fois dehors, les mains enfoncées profondément dans ses poches, il se sentit vide : vide de sens, vide de but, vide de réponses à ces questions qui ne cessaient de s'entrechoquer dans son crâne. Que faire maintenant, où aller ? Clément avait l'impression que son cerveau tournait à vide, il était incapable de penser ; il ne pouvait pas rester ici, c'était certain, alors il lança ses jambes droit devant, en pilote automatique, se disant que la marche lui donnerait le temps de se décider.
Pied droit devant pied gauche, pied gauche devant pied droit, les pas s'enchaînent mais le sens se faisait attendre. Lorsqu'il leva les yeux vers le ciel, les nuages plombés lui opposèrent un silence buté et un visage fermé, et même le bruit du vent dans les arbres semblait arborer avec fierté son absurdité.
Absurde, c'était le mot, tout paraissait profondément absurde ; à commencer par sa propre vie, mais il ne voulait pas y penser, pas maintenant. De la cendre, de la poussière, des os, l'amertume de l'existence lui laissait dans la bouche un arrière goût tenace et donnait à tout une saveur de mort.
Lorsqu'il s'extirpa de ses pensées et qu'il se prit à regarder autour de lui, il s'aperçut que ses pas l'avaient amené sur le Pont des Cieux : en bas, l'eau s'écoulait tranquillement, se moquant du temps qui passe, des hommes et des dieux, des fourmis et des étoiles. Les nuages s'y reflétaient si parfaitement qu'on aurait pu croire que le ciel se trouvait par dessus la rambarde. "Est ce que si je saute, je vais monter au lieu de descendre ?" se demandait il avec amusement ; les cieux, ceux dont le pont portent le nom, se trouvaient ils juste sous le nez des mortels ?
Clément n'eut pas le temps de continuer sa réflexion, car soudain, le ciel s'ouvrit : le soleil couchant irradiait une lumière semblable à de l'or fondue, emplissant l'atmosphère comme un gaz dense, se répandant sur les choses pour les enrober d'un glaçage doré. L'homme en eut presque du mal à respirer, comme si l'air s'était raréfié. Les nuages, auparavant gris et entassés à la manière d'un troupeau de rats sales et agressifs, étaient devenus de cette teinte rose orangé que prennent les diamants à la lueur de braises mourantes : un archétype de pureté et de beauté. Tant de beautés dans ce monde, pour tant de laideur.
Non, si peu de beautés, pour tant de laideur ; une balle au cœur, Clément se détourna avec difficulté de spectacle de l'eau perdue sous le feu du couchant : il lui avait fait oublier, pendant un instant, le poids de ses chaînes, et maintenant elles n'en étaient que plus lourdes.

Le pas lent, il s'en retourna vers son appartement. Cette journée, aussi vide de sens que toutes les autres ne tarderait pas à s'achever. Il savait que le loquet fermé, il s'allongerait sur les restes de son lit, et passerait la nuit sans réussir à dormir, comme ses insomnies avaient définitivement décidé de ne plus le quitter. Il ne tint même pas compte de son ventre grondant, malgré le fumet délicieux qui s'échappait de la porte de sa voisine, une femme de quelques années de moins, et qu'il aurait trouvé charmante, avant la tragédie. Elle lui qui lui avait proposé à mainte reprise de dîner ensemble...
Il n'en voulait pas, de sa pitié. Il ne désirait l'aide de personne. Personne ne pouvait l'aider. Tous ceux qui avaient essayé avaient lamentablement échoués et chacun de ces échecs l'avait fait sombrer d'avantage.



Mais alors qu'il finissait de délasser ses chaussures usées, le téléphone sonna, le faisant sursauter comme jamais. Il resta un instant figé, pris de panique, ne sachant que faire. Sept mois que ce téléphone n'avait plus émis le moindre son. Sept mois depuis le dernier appel qu'il a reçu, auquel il n'avait pas répondu. L'appel de l'un de ces ingrats n'éprouvant pas une once de tristesse ou de sentiments amicaux, rien que de cette pitié maladive dont été atteint la société qui l'entourait.

A la dixième sonnerie, il se souvint que répondeur n'était pas actif. A la quinzième, la curiosité pris le dessus sur sa morosité. Méfiant, il s'avança et d'une main hésitante, il décrocha le combiné. Son interlocuteur attendit un instant avant de prendre la parole, afin d'être certain d'être écouté.
- Vous n'avez pas envie de parler, je le sais. Ecoutez-moi juste et gardez le silence. Je sais qui vous êtes. Je connais la vérité sur l'accident dont vous avez été accusé coupable. Vous aviez reconnu votre faute n'est-ce pas ? Il est temps pour vous de savoir ce qu'il s'est vraiment passé. Retrouvez-moi à La Perruche dans une semaine, même jour, à 23h. Le choix n'appartient qu'à vous d'en savoir plus. N'oubliez pas, à La Perruche, demandez la table du fond.
Son interlocuteur raccrocha immédiatement. Clément resta un long moment, le combiné collé à l'oreille, essayant de réaliser ce qu'il venait d'entendre.

La Perruche, il la connaissait bien. Ce bar miteux et mal famé qu'il avait longtemps côtoyé avant de rencontrer sa défunte femme. Ce ne pouvait pas être un hasard. Était-ce une mauvaise plaisanterie ? Un piège ? Ou bien cet inconnu dont il n'avait reconnu ni le numéro ni la voix avait-il vraiment en sa possession, une information qu'il ignorait ?

Ce n'était pas le danger qui le retenait. Mais il savait que si quelqu'un était juste en train de s'amuser avec lui, il ne s'en remettrait pas. Une semaine. Une semaine pour réfléchir s'il devait y aller ou non. Demander conseil à quelqu'un ? Il n'avait pas même confiance au prêtre auprès de qui il se confessait. Surtout après qu'il fut rejeté de la sorte. Si Dieu avait décidé de lui envoyer une nouvelle épreuve au lieu des réponses qu'il cherchait, il le maudirait jusqu'à sa fin. Si le Hasard prévoyait de jouer avec lui, il avait bien l'intention de le tourner en sa faveur.



Retourner à la Perrruche. Son instinct hurlait à la mauvaise idée, et ses tripes se tordaient rien qu'au souvenir de l'endroit ; cela semblait appartenir à une autre vie, à l'existence de quelqu'un d'autre. Il ne dormit pas cette nuit là, constamment incommodé par les odeurs de tabac sans filtre, de la bière éventée, de la piquette et de la sueur qui rejaillissaient dans sa mémoire ; il tenta bien d'ouvrir la fenêtre pour les chasser, mais les réminiscences sont plus tenaces que les odeurs normales. "C'est ma tête qu'il faudrait que j'aère", se disait il en tentant vainement de trouver le sommeil.

Les heures passaient comme un compte à rebours, et plus l'heure du rendez vous approchaient, plus il sentait l'angoisse vriller son estomac ; lorsqu'il sortit de chez lui, il se sentait comme une serviette qu'on a tordu à l'extrême pour l'essorer. Il se rendit compte qu'il n'avait pas oublier le chemin jusqu'au bar, et les pavés lui sourirent tout le long de son trajet, reconnaissant un vieil ami. Arrivé en face de l'établissement, Clément se figea un instant : un flot de souvenirs menaçaient d'envahir son cerveau, et déjà résonnait dans ses oreilles la voix rauque d'alcool et de mauvais tabac du propriétaire, Lou Zimst, lui demandant comme chaque soir de son ancienne vie, s'il se déciderait à boire de l'alcool au lieu de son éternel sirop orgeat-fraise. Car Clément avait abandonné l'éthanol liquide depuis de nombreuses années déjà, bien avant que sa mère décède, le foie passé au chalumeau, et plus d'alcool que de sang dans son corps ; mais ce n'était pas par sentimentalisme, plutôt par pragmatisme : dans son ancien métier, ceux qui s'enivraient et ne pouvaient pas garder les idées claires en toutes circonstances voyaient vite le rideau tomber sur leur carrière.

L'enseigne était aussi crasseuse et minable que dans son souvenir : un oiseau qui, fut un temps, devait être une perruche aux couleurs éclatantes des îles, et dont aujourd'hui on arrivait à peine à distinguer la forme sans mettre le nez sur la devanture. En réalité, le caractère inoffensif et domestique de l'oiseau correspondait mal aux clients du bar ; il est vrai pourtant qu'on y trouvait de beaux spécimens : des hommes chafouins, enroulés dans leurs grands imperméables de gangster à la manque, s'asseyant toujours dans les coins, des petits moineaux pour de petites besognes malveillantes, se tenant soigneusement à l'écart d'un autre type de volatiles, de plus grande envergure et bien plus féroces, des oiseaux de proies qu'il ne valait mieux pas approcher sans bonne raison. Mais les prédateurs n'étaient pas ces malfrats tape à l'oeil, qui montraient les dents à tout va ; les vrais, eux, ressemblaient à des coucou : une apparence d'une banalité navrante, une figure tout aussi normale, sous le couvert desquels ils en profitaient pour détruire leurs ennemis et les remplacer par des gens fidèles, au nez et à la barbe des trompés.

Se sentait il soudain mal ? Avait il oublié un rendez vous important ? Ou laissé le gaz allumé en partant ? Un malaise diffus l’étreignait au fur et à mesure qu'il se rapprochait de la porte d'entrée ; non, se dit il, ce n'est rien de tout cela, j'essaye juste de me trouver une excuse pour détaler d'ici, voilà tout. La main sur le battant, il tacha de se ressaisir ; ce n'était pas le moment de céder à l'angoisse, pas après tant de mois sans crise. Mais il ne pouvait pas empêcher une tension infime de s'installer dans tout son corps, tel un baril de poudre attendant une bonne âme pour allumer sa mèche. Tout ces remugles de souvenirs allaient finir par lui donner la nausée.

"Secoue toi Clément, on dirait un gamin apeuré, se murmura t il tout haut et après il s'être assuré d'être seul, il n'y a pas de quoi avoir peur de ces piafs de mauvaise augure ; après tout, que peut faire un aigle, si puissant soit il, au devin qui le capture et l'ouvre pour lire dans ses tripes ? Rien, ajouta t il, rien, rien, rien.". Il poussa la porte et passa le seuil avec la solennité d'Enée en catabase. 



Cet endroit le rendait anxieux. Presque paranoïaque. Il sentait les regards posés sur lui et espérait au fond de lui que personne ne le reconnaîtrait.Ses vieux amis seraient aujourd'hui pour lui des prédateurs affamés qui pourrait autant avoir envie de lui offrir un verre que de le caillasser. Et il n'avait pas que des amis...

Il n'osa pas regarder autour de lui. Il se savait épié et il était inutile de provoquer quui que ce soit en le regardant. Il s'avança lentement dans le bar, jusqu'au comptoir, en espérant que la personne qui l'avait appelé viendrait le chercher. Rien ne vient avant qu'il ne s'installa sur une chaise haute, coude sur le zinc.
- Qu'est-ce que je vous sers ?

Il reconnaîtrait cette voix rauque entre mille. Le barman, son plus fidèle ami et conseiller ressemblait aujourd'hui à un vieux loup bien qu'encore sacrément robuste. Le débardeur de marin sur le dos, la pipe au bout des lèvres et l’œil gauche blanc, il avait tout du vieux matelot qui avait quitté la mer depuis des années pour prendre sa retraite. C'était lui-même qui lui avait conseillé de ne plus venir ici, et Clément avait l'impression de le trahir en s'installant là.

- Un café serré, s'il vous plaît, répondit-il comme à un inconnu.
Lou ne bougea pas. Inquiet, Clément releva le visage vers son vieil ami. Celui-ci le dévisageait, la mine sombre, attendant visiblement quelque chose d'autre. Clément soupira.
- Un orgeat-fraise, soupira-t-il finalement.
Le patron s'exécuta immédiatement et lui servi dans l'un de ses uniques verres propre sa boisson favorite. En la dégustant, il sentit son corps se détendre, comme si l'espace d'un instant, tous ses soucis s'étaient évanouis. C'est alors qu'il compris que la barman ne lui en avait jamais voulu pour tout ce qu'il avait fait et que son opinion envers lui n'avait pas changé. Ils étaient amis...

Mais avant qu'il n'ouvre la bouche pour entamer une discussion avec lui, le patron pointa du doit une table vide, au fond du bar, sans même le regarder. A moitié surpris, Clément se tourna vers la table en question, hésitant un instant. L'instant de liberté que lui avait offert son sirop n'avait pas duré et la réalité lui sembla à nouveau presque insurmontable. Il devait rencontrer cette personne.
La mâchoire serrée, il se leva et s'approcha de la table. Mais il n'eut pas à s'installer. Il vit immédiatement un petit bout de papier, coincé dans l'une des fentes du bois vieillit et usé. Il s'en saisit vivement et le déplia, espérant que ce mot le fasse quitter au plus vite cet enfers.

"Mon cher Clément,
 Tu ne sais guère qui je suis, mais peu importe. Je te connais. Et je détiens les informations que tu recherches depuis des années. J'espère donc que ta lucidité te fera comprendre qu'il va te falloir m'écouter, si tu veux en savoir d'avantage.

Nous devons nous rencontrer pour discuter. Mais avant cela, un homme nous empêche de nous retrouver. Lucas Esther, je suppose que tu vois de qui je parle. Il est de retour en ville. Fais ça discrètement. Cela ne devrait pas être trop dur pour toi, si ? Il serait dommage que tu te fasses pourchasser ou que tu y laisses la vie. Nous avons tant à nous dire...
Lorsque ce sera fait, retrouve-moi à cette même table. Je t'y attendrais pour fêter ta victoire."

La signature à la fin n'avait rien d'exceptionnelle mais le fit frissonner. "Un ami". Il n'avait plus d'ami dans cette ville hormis Lou. Mais cela importait peu. Ce prétendu ami avait-il vraiment des réponses à lui donner ? Il en avait l'intime conviction. Il n'avait pas d'autre piste, de toute façon. Il allait devoir mettre ses compétences à contribution une nouvelle fois.
Cela ne le dérangeait pas vraiment. Même s'il n'aimait pas qu'on se serve de lui, il haïssait Lucas. Débarrasser la ville de cette ordure sans se faire voir ne serait pas chose aisée, mais cette tâche ne pouvait être que bénéfique aux habitants.

D'un pas pressé, il sorti du bar, en quête du matériel adéquat, toute hésitation évaporée.

lundi 11 août 2014

Séparés

Si loin de toi
Envahi par le froid
Je frissonne tristement
Abandonnant mon corps mourant
Pour l’errance de mon esprit
Avec l’espoir de retrouver
A travers nos souvenirs et pensées
Cet amour qui nous uni.

Mon cœur est si froid
Lorsque tu n’es pas là
Ce manque de goût à la vie
Et celui de passion, aussi
N’est dû qu’à ton absence
A ce besoin de ta présence.

J’aurais tant eu de choses à te montrer
Tant eu de choses à partager
De trésors à offrir à tes yeux
Puisque sans toi ils ne valent mieux
Que quelques décors vides
Dévoilés à mon regard humide.

Jusqu’à te revoir, mon cœur souffrira, je le sais. Je le savais avant même de partir. Mais je sais aussi que nous attendons tous deux le jour où nous pourrons nous revoir, où nous pourrons nous enlacer, amoureux et aimés. C’est pourquoi en attendant, je songe à tout ce que je pourrais te montrer, te faire découvrir. Je veux te montrer à quel point ce monde dans lequel nous vivons peut être magnifique. Mais pour moi, il ne le sera qu’avec toi à mes côtés. Les joies et les beautés ne sont rien si l’on ne peut les partager.

C’est pourquoi jusque là
J’attendrais mon retour
Pour être enfin près de toi

Et t’aimer pour toujours.

dimanche 3 août 2014

L'Etoile Rouge

Une étoile dans le ciel
Rouge comme le sang
Annonce la fin
D’un monde saccagé

Elle brille au loin
Illumine l’humanité
De sa lueur angoissante
Juste avant l’éternité


C’est la fin de tout
D’un règne décadent
De l’amour et de la haine
Fin impartiale et inéluctable

Après de sanglantes batailles
Qui ont déchiré le monde
Tant de temps perdu
Rien ne peut être rattrapé

Pas de souffrance
Plus de torture
Joie et bonheur
Ne seront même plus souvenirs


Il n’y a pas d’après-monde
Rien après la vie
L’espoir et futile

Car tout sera fini.

vendredi 11 juillet 2014

Le Silence des Enfers

Dans le silence des enfers
Résonnent les cris de désespoir
Perdus à jamais dans le néant
D’une infinité de torturés.

Dans le silence des enfers
Attend patiemment l’inconnu
De connaître son châtiment
D’une vie trop malmenée.

Dans le silence des enfers
Il a quitté toute société
Espérant fuir les inepties
D’une réalité bien dure à avouer.

Dans le silence des enfers
Il cherche la main secourable
Qui pourrait l’innocenter
D’un crime dont il n’est le coupable.

Dans le silence des enfers
Rien ne saurait le perturber
Il est le seul à ne pas se lamenter
D’une injustice à son égard.

Dans le silence des enfers
Il jure de se venger
Il n’a plus rien à craindre
D’une manipulation mal tournée.

Dans le silence des enfers
Il médite et songe
Il n’est pas celui que l’on accuse
D’une tragédie répétée.

Dans le silence des enfers
Résonnent les préludes de la fin
La gorge de l’inconnu se serre
La mort vient le chercher.

jeudi 3 juillet 2014

Voyage par delà les cieux

Nous étions partis au petit matin. Le Soleil pointait à peine à l’horizon. C’était la première fois que nous grimpions cette montagne, mais entendre des rumeurs à propos de son sommet et de la vue sublime qu’il offrait avait suffi à nous faire frémir d’excitation à l’idée de l’atteindre.

Je regardais encore une fois derrière moi, pour m’assurer de la présence de mon petit frère. En me voyant le regarder, il arbora un magnifique sourire. Je lui souris en retour. Oui. Nous gravissions  toujours les montagnes ensemble, peu importe les difficultés. Jamais rien ne nous avait arrêtés.

Cette montagne n’était pas réputée dangereuse. Cependant, la route était suffisamment longue pour devoir partir au matin et arriver le soir. Arriver là-haut lorsque le Soleil était en train de se coucher n’était pas une erreur de prévision. J’espérais que les rumeurs que j'avais entendue étaient vraies. Je voulais en faire la surprise à mon frère, qui venait de fêter ses seize ans.

Nous étions bien équipés. Tente, nourriture, eau, trajet tracé pour accéder à différents points d’eau au cours de la montée, j’avais tout prévu. Tout comme on me l’avait assuré, la montée n’était pas raide, raison pour laquelle le temps d’arriver au sommet était si long. Mais cela nous permettait au moins de pouvoir tranquillement admirer le sublime paysage qui s’offrait à nous. Au bas de la montagne, c’était la forêt et la végétation abondante, dégageant une odeur de bois et de fleurs exquise et vivifiante.

Au-delà du bois s’étendaient les grandes zones herbeuses emplies de fleurs uniques, variétés que l’on ne pouvait trouver qu’ici, dans les montagnes. C’était aussi à cet endroit que les vaches pouvaient se déplacer en toute liberté. Inoffensive, elles nous regardaient passer, curieuses. Je laissais un instant à mon frère pour qu’il puisse aller à leur rencontre, leur donner à manger de sa main et les caresser en riant.

Puis nous continuâmes notre route jusqu’à ce que l’herbe devienne de plus en plus rare. Le décor n’en restait pas moins unique. Impressionnant, même. Le paysage de pierre qui s’offrait à nos yeux était bien différent de tout ce que l’on avait déjà pu voir, comme s’il avait été façonné par un quelconque dieu pour plaire à l’œil de l’homme.

Le sommet se rapprochait et la fatigue commençait à nous gagner. Pourtant, cela ne nous freinait pas. Le ciel s’assombrissait doucement au-dessus de nous.

Enfin, nous arrivâmes à l’endroit que nous désirions tant. Face à l’immensité, nous restâmes bouche bée. C’était véritablement magnifique. Toute trace de fatigue nous avait quittés alors que nous regardions l’horizon et ses merveilles.

Regrettant de devoir rompre cet instant, j’appelai mon frère pour montrer la tente sur un endroit large et plat. La tente montée, ma montre m’indiqua qu’il était presque l’heure. Je posai une main sur l’épaule de mon petit frère et lui fit signe qu’on retournait au point de vue du sommet. Un peu étonné, il me suivit calmement.
Lorsque nous arrivâmes, nous restâmes stupéfaits. Le spectacle qui s’offrait à nous était indescriptible. Sublime, fascinant, ces mots étaient bien trop faibles pour le décrire. Partout dans le ciel se frayait des raies de lumière de toutes les couleurs, illuminant les alentours de milles feux. Petites au début, ces rayons grandissaient à mesure que la nuit achevait de tomber. Au-delà des nuages, nous étions au paradis. Même la montagne était éclairée par ces lueurs irréelles.

Nous restâmes là pendant plusieurs dizaines de minutes, à observer la scène sans bouger, émerveillés. Finalement, le Soleil fini de se coucher complètement et les lumières s’éteignirent peu à peu, annonçant la fin du spectacle. Lorsque le ciel devint complètement noir, nous rebroussâmes chemin vers la tente, trop émus encore pour parler.

J’aidais mon frère à s’installer et, avant de me coucher moi-même, je l’embrassais sur le front.
« Bonne anniversaire, petit frère »

Le sourire qu’il afficha devait être le plus beau que je n’avais jamais vu. Il sauta hors de sa couche pour me sauter dans les bras en versant des larmes de joie.

Enfin, nous nous réfugiâmes sous les couvertures et nous nous endormîmes le cœur encore empli d’émotions.